La critique et l'éloge partie2

Publié le par Association Musulmane du Quartier de l'Europe

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2- On ne doit pas propager les dires des savants sur leurs confrères

Les avis des savants sur la récusation et l’agrément (Al-Jarhou wa At-Ta’dil) et leurs jugements mutuels sont des ijtihad qui admettent la divergence. En effet, des savants peuvent diverger sur la récusation d’un savant ou sur son agrément, de la même façon que dans les questions de jurisprudence qui font l’objet d’ijtihad ils arrivent parfois à la vérité et parfois commettent des erreurs. Ainsi, l’un d’entre eux aura un avis juste et un autre commettra une erreur.

 

Les savants mujtahidin sont récompensés pour leur effort, même s’ils se trompent. Et Allah –Le Très-Haut et le Tout-Puissant- augmente leur récompense, si le résultat de leur ijtihad est conforme à la vérité. Etant donné que les savants sont des humains, ils peuvent être influencés lors de jugements de leurs homologues par une sorte de passion ou de discrimination. C’est pour cela que les savants ont dit : « Les jugements des savants sur leurs confrères ne doivent pas être rapportés ».

 

Ibn cAbbas –Qu’Allah les agrée- a dit : « Apprends la science des savants et ne crois pas aux jugements des uns sur les autres [1][18]»

 

Mâlik Ibn Dînâr –Qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « On admet les paroles des savants et des lecteurs en tout, sauf les paroles de certains d’entre eux contre d’autres [2][19]»

 

L’Imam Ibn cAbdalbar –Qu’Allah lui fasse miséricorde-« Si on est en présence d’une personne dont l’équité est établie, et dont la sincérité dans la science est prouvée et la confiance démontrée, autant que l’attention qu’il accorde à la science, alors on ne doit pas tenir compte des paroles dites à son encontre, sauf si leur auteur apporte des preuves évidentes, justes et valables, qui rendent recevable sa critique par la voie des témoignages, et d’un travail basé sur le témoignage oculaire de manière à imposer sa parole du point de vue de la jurisprudence islamique (fiqh) et de l’observation. Par contre, s’il s’agit de quelqu’un dont l’imamat n’est pas confirmé, dont l’honorabilité n’est pas reconnue et le récit non accepté à cause de la non mémorisation et de l’imperfection des faits qu’il a rapportés, alors on le considère suivant le consensus des savants et l’acceptation de sa parole dépend de l’examen et de l’ijtihad [fournis par les savants]. La preuve qui montre que l’on ne doit pas tenir compte des paroles de ceux qui dénigrent un savant reconnu par l’ensemble des musulmans est qu’il y a eu dans le passé entre les pieux prédécesseurs (Salaf) –Qu’Allah les agrée- beaucoup de paroles de certains d’entre eux contre d’autres, sous l’emprise de la colère ou de l’envie, comme l’ont dit Ibn cAbbas, Mâlik Ibn Dînâr et Abû Hâzim, ou à cause de mauvaises interprétations. En effet, certains ont brandi l’épée contre d’autres à cause d ‘une [mauvaise] interprétation ou un ijtihad qu’il n’est pas obligatoire d’imiter sans preuve ni argument [3][20]»

L’Imam Ibn cAbdelbar a cité après cela, des paroles de certains savants contre certains de leurs homologues, des paroles en somme surprenantes et presque incroyables. 

 

L’Imam Adh-Dhahabî –Qu’Allah lui fasse miséricorde– a dit : « S’il apparaît évident que des paroles de savants [contre d’autres ont été proférées] par passion et par discrimination, alors on ne les prend pas en compte, et on ne les rapporte pas. C’est la règle qui fut appliquée pour les paroles et les disputes entre les compagnons –Qu’Allah les agrée tous-. Cependant, ces paroles souvent discontinues et faibles et dont certaines sont mensongères, sont toujours rapportées dans les livres. Alors, il convient de les cacher, de les rendre inexistantes, afin que les cœurs restent purs et se consacrent entièrement à l’amour des compagnons et demander à Allah de les agréer. L’accès à ces paroles doit être interdit au public et à certains savants. Cependant, on peut permettre à un savant juste, dépourvu de passion de lire cela à l’écart, à condition qu’il demande pardon en leur faveur, comme Allah nous l’a appris, car Il dit : 

 

á Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi ; et ne met dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. [4][21]â

 

Car ces gens ont de bons antécédents et des œuvres qui expient ce qu ‘il y a eu entre eux, ils ont un ijtihad qui efface [les péchés] et une adoration purifiante. Et nous ne sommes pas de ceux qui exagèrent les louanges de l’un d’entre eux, et nous ne prétendons pas qu’ils sont infaillibles, nous croyons que certains d’entre eux sont meilleurs que d’autres : nous croyons qu’Abû Bakr et cUmar sont les meilleurs de la communauté, puis viennent les dix à qui le Paradis ont été promis, puis viennent Hamzah, Jacfar, Mucadh, Zayd, les Mères des croyants [5][22], les filles de notre Prophète -Paix et bénédiction d'Allah sur lui-, les gens de Badr chacun selon son degré. Puis les meilleurs après eux sont Abû Dardâ’, Salmân Al-Fârisî, Ibn cUmar, l’ensemble des gens de l’allégeance Al-Radwân, qu’Allah a agréé par un verset de la sourate Al-Fath (L’Ouverture), puis viennent ensuite le commun des Muhâjirîn et des Ansâr tels Khâlid Ibn Al-Walîd, Al-cAbbâs, cAbdallah Ibn cAmr et toute cette file, puis l’ensemble de ceux qui ont tenu compagnie au Messager d’Allah -Paix et bénédiction d'Allah sur lui-, et ont accompli le pèlerinage avec lui ou ont appris [directement] de lui, qu’Allah les agrée tous et agrée toutes celles qui ont tenu compagnie au Messager d’Allah -Paix et bénédiction d'Allah sur lui- parmi les émigrantes et les médinoises (toutes les autres), qu’Il agréé Umm Al-Fadhl et Umm Hânî la Hachémite.

Quant à ce que rapporte les Râfida et les innovateurs dans leurs livres contre les compagnons, nous ne nous y arrêtons pas et n’y accordons aucune considération, car la grande majorité n’est que fausseté et mensonge. C’est une habitude pour les Râfida de rapporter des faussetés ou de rejeter ce qui se trouve dans As-Sihâh et Al-Masânîd, et quand est-ce que se réveillera celui qui est ivre ?!

Ensuite, certains parmi les tabicîn ont parlé contre d’autres, se sont livrés combat et des choses qu'il n’est pas possible d’expliquer se sont passées. Il n’y a donc aucun intérêt à les diffuser. Il est survenu dans les livres d’histoire, et ceux de la récusation et d’agrément, des faits surprenants. Celui qui est doué de raison est celui qui juge sa propre personne, et parmi les caractéristiques du bon musulman, il y a le fait d’abandonner ce qui ne le concerne pas, et [sachez que] la chair des savants est empoisonnée [6][23]»

 

Et il –Qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « On ne prête pas attention aux paroles des savants contre d’autres, surtout s’il te semble que c’est à cause d’une inimitié, de l’appartenance à une école [juridique] ou à cause de l’envie. Et n’en est préservé que celui qu’Allah a protégé ; je n’ai pas appris que des gens, de quelque époque que ce soit, qui y ait échappé, hormis les Prophètes et les véridiques, et si j’avais voulu, j’aurais écris à ce sujet des livres.[7][24] »

 

Ce propos concernant les paroles des savants contre d’autres n’est pas absolu, car on ne rejette les paroles dites à l’encontre d’un savant, que si ce dernier bénéficie de la confiance d’un groupe de savants justes et objectifs, et qu’un indice montre que les paroles proférées à son encontre ne l’ont été que par passion, par discrimination et injustice et non avec équité, vérité et science. Par contre, si le fait dénoncé vise à élucider l’erreur du rapporteur, et que ce dernier s’est trompé ou bien la faiblesse de sa mémorisation etc. alors cela n’entre pas dans ce chapitre, ce que vise dans ce cas c’est de faire la lumière sur le degré du rapporteur de la science ou sa faiblesse afin que Allah – Le Très-Haut et le Tout-Puissant – soit adoré en se basant sur une preuve évidente [8][25].

 

L’Imam Ach-Châficî –Qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « Quand un jurisconsulte, questionné à propos d’un rapporteur des hadiths dit : « Abstenez-vous de ses hadiths et ne les acceptez pas, car il commet des erreurs ou parle de ce qu’il n’a pas entendu » s’il dit cela alors qu’il n’existe pas entre lui et cet homme une inimitié, ceci ne fait pas partie des préjudices et l’auteur du témoignage ne doit pas être considéré comme voulant le dénigrer. Sauf s’il existe une inimitié entre les deux auquel cas sa parole est rejetée non pas a cause du témoignage mais en raison de l’inimitié [9][26]»

 

Parmi les indices qui permettent de détecter que la parole d’un savant contre son confrère est injuste, il y a :

 

1- L’existence d’une concurrence dans la région ou dans le domaine de spécialité scientifique ou autre que cela. C’est dans ce chapitre que s’insère la critique d’Ibn Abû Dhi’b contre l’Imam Mâlik, car ils étaient tous les deux des savants de Médine à la même époque.

 

L’Imam Adh-Dhahabî –Qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « Ahmad Ibn Hanbal a dit : Il a été rapporté à Ibn Abû Dhi’b que l’Imam Mâlik n’a pas admis le hadith : « Les deux contractants d’une vente ont le droit d’option…» Alors il dit : « On doit lui demander de se repentir, et s’il s’entête on l’exécute » Puis Ahmad dit : « Il craint davantage Allah et dit plus de vérité que Mâlik » Je dis : « S’il était pieux comme il convient, il n’aurait pas dit cette mauvaise parole contre un grand imam. Mâlik, quant à lui n’a pas mis en pratique la lettre du hadith, car il le considérait abrogé, et on dit que l’imam Mâlik a mis en pratique ce hadith et a interprété l’expression « jusqu’à ce qu’ils se séparent… » par la prononciation des expressions de l’offre et de l’acceptation. Que ce soit pour ce hadith ou tout autre, Mâlik aura toujours une récompense ; et elle est doublée s’il à raison. Cependant, ce ne sont que les Khawarij qui optent pour la peine de mort contre un musulman qui commet une erreur dans son ijtihad. De toute façon, on ne doit pas faire confiance à la plupart des paroles des savants contre leurs confrères. La grandeur de Mâlik n’a pas été rabaissée à cause de la parole d’Ibn Abû Dhi’b, tout comme les savants n’ont pas considéré Ibn Abû Dhi’b comme faible à cause de cette parole. Bien au contraire, ce sont deux savants de Médine à leur époque –Qu’Allah les agréé- [10][27]»

 

Après tout, l’authenticité de cette citation est douteuse, c’est pour cela que l’imam Adh-Dhahabî après l’avoir citée a dit : « Et l’Imam Ahmad n’a pas mentionné sa chaîne de transmission ; peut être n’est-elle pas authentique [11][28]»

 

Dans le même contexte, il y a la parole dite par Sacîd Ibn Al-Musayyib -Qu’Allah lui fasse miséricorde-  contre cIkrima, et bien d’autres exemples [12][29].

2  - Une vive colère. En effet, il arrive lors des moments de grande colère, qu’un savant profère des paroles contre un autre, qu’il ne confirmerait pas si on le lui demandait. L’Imam Ibn cAbdelbar a dit : « Il survenait entre les compagnons du Messager d’Allah -Paix et bénédiction d'Allah sur lui- et entre les grands savants, lors de colères, des paroles plus graves que celles-ci. Néanmoins, les gens doués de compréhension, de science, et de discernement n’y prêtent pas attention, car ce sont des humains pouvant se fâcher ou être satisfaits, et la parole en état de satisfaction est différente de celle en état de colère. En vérité l’auteur de ce dicton a dit une bonne parole: « On ne reconnaît la mansuétude qu’en état de colère [13][30]»

 

Et l’imam Ibn cAbdelbar –Qu’Allah lui fasse miséricorde–  a cité après ceci des exemples de paroles de savants contre d’autres dans des moments de colère.

 

3-     La divergence des écoles juridiques. Les écoles juridiques des savants ont divergé et leurs sources se sont multipliées. Il se peut que cette divergence soit la cause du dénigrement d’un savant par un autre.

Ibn cAdî –Qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit en parlant de l’imam Abû Bichr Muhammad Ibn Ahmad Ad-Dûlâbî –Qu’Allah lui fasse miséricorde-« Il est accusé pour ce qu’il dit contre Nucaym Ibn Hammâd à cause de sa persévérance parmi les (Ahlou Ra’ye [14][31]) [15][32]»

 

4- La présence de rancunes et de querelles. En effet, ces querelles peuvent être une cause de dénigrement mutuel entre les savants. Certains savants ont dit : « Il existait entre Asbagh et Ibn cAbdalhakam, une divergence, et l’un d’entre eux accusait l’autre de mensonge [16][33]»

 

A propos de cela, l’imam Adh-Dhahabî –Qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « Nous ne prétendons pas que les savants de la récusation et de l’agrément (Al-Jarhou wa At-Ta’dil) soient exempts de la moindre erreur, ni de sévérité dans les propos envers celui pour lequel ils ont de l’inimitié et de la rancune. Et il est certes connu que la parole des savants contre d’autres n’a pas d’importance, notamment si l’homme a été honoré par un groupe de savants objectifs [17][34]»

suite....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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